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HUMANA, deuil et résilience

Dernière mise à jour : 11 déc. 2020

Mon projet HUMANA participe à la troisième édition du Festival des Féminins à Paris.

Du 6 au 8 Mars 2020 au Théâtre de Verre.




Il s’agit d’un projet très intime sur lequel je travaille depuis 4 ans.

C’est une exposition mélangeant les arts visuel et vivants car elle se compose d’une douzaine de photographie, d’une vidéo et d’une performance live.


Comme dans les arts vivants, il s’agit d’un projet évolutif qui continue à se developper sous différentes formes et qui a commencé comme un besoin viscéral.


Au fur et à mesure du projet, je comprends que ma propre démarche et ces femmes photographiées me ramènent des années plus tard à traverser un deuil impossible à faire : celui de ma mère.


Deuil dont aujourd’hui grâce à cette série, je peux enfin partager l’histoire.



HUMANA : en espagnol, genre humain au féminin.


J’ai 17 ans, je vis en Argentine, mon pays natal, avec mes parents, mes deux sœurs et mon frère âgés de 12 à 18 ans, quand ma mère met brutalement fin à ses jours.

Rentrant dans sa chambre, après avoir entendu une explosion que j’ai confondue avec les bruits joyeux du carnaval, je la retrouve en sang, un pistolet dans sa main.

Quelque chose s’arrête en moi, alors que je viens juste de passer de l’enfance à ma vie de jeune femme. Mes deux sœurs et moi, ses filles, nous devenons des femmes «suspendues à jamais ».



La danse, ma force, ma résilience


Heureusement, je suis emportée et sauvée par le mouvement : ma mère a toujours rêvé que je devienne danseuse, j’en fais assidument depuis l’âge de 6 ans. A partir de sa mort, je m’y abandonne avec fureur et la danse devient mon moyen de résilience.

A 25 ans, ma carrière de danseuse professionnelle m’amène à quitter mon pays. Je deviens exilée et éprouve alors une double perte : celui de ma mère et de ma terre natale.




La photographie, un besoin, un moyen


Vers 2015, je me passionne de plus en plus pour la photographie.

J’éprouve le besoin de photographier des femmes habillées en rouge. Le Rouge : la couleur de l’amour, la séduction, la féminité mais aussi la couleur du sang et de la mort. Éros et Thanatos. Une couleur qui m’accompagne depuis toujours et qui revient inconsciemment dans tous mes choix de costumes de scène.


Les femmes que je choisis pour ces photographies ont toutes un lien fort avec moi, danseuses ou artistes, elles aiment aussi s’exprimer avec leur corps. Elles sont comme moi en exil, souvent originaires d’Amérique du sud ; elles ont toutes connues dans leur vie la perte d’un pays et ont survécues à un deuil.



Raconter pour se libérer


Au début de la séance de shooting, dans des décors que j’ai choisis au préalable, je leur confie mon histoire. Je propose à chacune de ces femmes de rouge vêtues de jouer avec des voilages rouges. Je leur dis que ces voilages représentent la douleur, le deuil.


Je photographie les corps, en mouvement avec ce voile rouge.

Tangible, malléable, le voile reflète à l’extérieur ce qu’on ressent à l’intérieur.

La douleur et l’être, le personnage et la personne se mêlent et ne font plus qu’un.


Au début, je sens que par compassion pour moi, elles essayent de donner corps à ma douleur. Puis, j’observe derrière mon appareil ce que mon histoire déclenche en elles.

Au fur et à mesure que nous avançons ensemble une sorte de catharsis s’opère.

Elles s’approprient ce deuil et il devient leur douleur. Elles se livrent alors à leur propre mémoire, échappant à l’oubli, elles osent traverser leur deuil.


Nous finissons chaque séance vidées, exténuées et émues, dans un élan de « sororité ».





Passer devant la caméra


Avec la vidéo, je joue avec une image à la fois fixe et mouvante. Pendant mes vacances dans un contexte joyeux et rassurant, je me mets en scène nue, dans des voilages rouges, comme à ma naissance devant la mer… ma mère ?


Mon mari et père de mon enfant, me filme.

En m’abandonnant, dans ce cocon, aux mouvements qui me viennent naturellement, je rentre d’une façon très intime dans la matière du deuil, je le pétris, le roule, le distend tout en le fixant sur la pellicule.



Performance


J’ai voulu avec cette expression artistique m'approcher encore plus du public. Me présenter seule, accompagnée de mes propres mots et ma musique et me rendre de manière unique et spontanée. Expérimenter cette approche artistique pour rendre le projet encore plus vif et voir ce que cela provoque en moi et les autres.

C’est aussi le besoin d’une artiste qui évolue dans les arts vivants d’intégrer à ma démarche les recours dans lesquels j’ai baignée toute une vie, la mouvement et la voix.




Réaliser ce projet HUMANA avec des images qui m’obsédaient m’a permis d’exprimer enfin mon histoire, de ne plus la rejeter mais de me la réapproprier. Lui donner une forme et renoncer à l’oubli.



  • Les Femmes de HUMANA photographiées par Laura Lago

Florencia Avila, Carmen Cerrillo Corbin, Moira Chapman, Silvia Lezcano, Noelia Noto, Silvia Luchetti, Alejandra Radano, Valeria Robles, Carolina Sendic, Nora Zelarayan.


  • Vidéo

Images Arthur Gouvy

Réalisation, interprétation et montage Laura Lago


  • Performance

Musique, Texte et interprétation Laura Lago

Oeil extérieur Joanna Jianoux

Avec le soutient de Frederique Dade-Brenjot et la MJC Théâtre de Colombes



Le Festival des Féminins


  • du Vendredi 6 au Dimanche 8 Mars 2020

Le Féminin, sa pluralité, sa créativité et sa force y seront à l’honneur durant 3 jours. 3 jours d’expositions, de danse, de théâtre, de musique, d’art performatif… 3 jours pour explorer, parler, s’émouvoir…


  • HUMANA au programme :

Exposition et vidéo : tous les jours

Performance : samedi 7 mars à 16H15 et dimanche 8 mars 18H


Tout le programme et plus d’infos : http://festival-des-feminins.theatredeverre.org


TARIFS ADULTES :

Pass 1 jour : 10€ + adh 4€ Pass 3 jours : 20€ + adh 4€ TARIFS ENFANTS (3-15 ANS INCLUS) : Pass 1 jour : 5€ + adh gratuite Pass 3 jours : 12€ + adh gratuite * 4€ d'adhésion obligatoire pour soutenir la démarche du Théâtre de Verre Co-Arter Pas de Carte Bancaire !


Infos pratiques

12 rue Henri Ribière 75019 Paris

Métro : Place des fêtes; ligne 11

Bus 48, 60

Tél. 01 40 37 05 87



  • Texte et photos soumis aux droits d’auteur Laura Lago©

 

Laura Lago est née à Buenos Aires en Argentine.

Artiste pluridisciplinaire, elle a parcouru le monde avant de s’installer à Paris en 2000 engagée en tant que danseuse par le Moulin Rouge. Se succèderont dix années de carrière au Lido de Paris. Installée à Paris depuis 20 ans, elle est auteur photographe, comédienne chanteuse et enseigne la danse et le Pilates.



 




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