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Photo du rédacteurLaura Lago

IVG, Droit des femmes

Dernière mise à jour : 9 déc. 2020

La légalisation de l’avortement en Argentine est un impératif


D’origine argentine et citoyenne française depuis 20 ans, je suis avec grand intérêt le projet de loi pour l’avortement légal en Argentine.


RFI, 2018. Photo et reportage de Jordi Batallé



  • Parlons Chiffres

Selon un rapport datant de 2005 de l'ONG Amnistie International, chaque année 450 000 avortements clandestins ont lieu en Argentine. Selon les chiffres officiels, trente femmes sont mortes à cause d’un avortement clandestin en 2017, deux d’entre elles avaient entre 15 et 17 ans. Tous les ans, environ 2400 enfants âgées entre 10 et 14 ans deviennent mères... Vous avez bien compris, en Argentine l’IVG est interdit sauf en cas de viol ou de mise en danger de la vie de la mère, ce qui doit être validé par un juge. Dans les faits, même lorsque un juge à rendu une décision favorable, il arrive encore fréquemment que des fillettes de 10 ou 11 ans ne trouvent pas de médecins pour les avorter car dans certaines provinces la très grande majorité des médecins sont contre. Ainsi sans refuser ils jouent la montre jusqu’à ce qu’il soit trop tard.


Voir le cas de Lucia, 11 ans, violée par le compagnon de sa grand- mère et soumise à une césarienne par des médecins qui voulaient sauver le foetus.

Environ 30 000 patientes par an sont hospitalisées en raison de complications post-avortement et doivent faire face à une sanction juridique.

Beaucoup de tentatives d'avortement échouées et de décès dus à ceux-ci ne sont pas répertoriés en tant que tels ou ne sont pas notifiés aux autorités mais on estime qu'une centaine de femmes meurent chaque année à la suite d'avortements pratiqués dans de mauvaises conditions sanitaires.

En 2018, le président argentin Mauricio Macri a lancé le débat sur la légalisation de l'avortement, mais il s'est abstenu d'exprimer une position ferme sur cette question.



  • Amnesty International déclare :

C'est une nouvelle opportunité pour l'Etat argentin de garantir l'exercice des droits humains des femmes (...). Les avortements continuent d'être pratiqués dans des conditions déplorables et des femmes meurent dans des conditions de clandestinité 

En dernière page du N.Y Times :


We want to send a message to Argentina’s Senators that the world is watching to see whether they will do right by women and end the grave suffering caused by criminalizing abortion


L’Église catholique, soutien de poids des pro-vie


Lors des débats, beaucoup de représentants de l’église ont diffusé des informations erronées et ont laissé claire leur volonté de maintenir les dispositions en vigueur depuis 1921.

Le pape François qui dénonce l’avortement comme la « culture du déchet » s’est autorisé à peser dans le débat et il a même adressé une lettre aux fidèles catholiques argentins en les encourageant à se mobiliser contre le projet de loi.



  • Déclarations du Pape François, octobre 2018 :

Est-il licite d'éliminer une vie humaine pour résoudre un problème? Est-il licite d'embaucher un tueur à gages pour résoudre un problème?


Le foulard vert

En réponse, une marée verte envahissait la rue, des dizaines de milliers de femmes brandissant des foulards verts, signe de ralliement à la cause se sont mobilisées devant le Congrès à Buenos Aires ainsi que dans toutes les villes du pays.

Des rassemblements autour du monde ont soutenu la lutte des femmes argentines.

Aujourd’hui, la marée verte continue encore de gagner du terrain.





Argentine, un pays progressiste... ou pas?


Oui et non donc, bien que vis à vis du monde l’Argentine soit un exemple de lois progressistes avec le mariage homosexuel, l'identité de genre, l'aide à la procréation, la responsabilité parentale et l'indemnisation du travail domestique.

L’influence de l’église y reste très forte et c’est pourquoi le refus de l’IVG reste pour elle une véritable croisade dans laquelle elle est totalement engagée.

Il en résulte que 63% des argentins considèrent que l’église devrai rester en dehors du débat et laisser les femmes décider pour elles mêmes.


Le 14 juin 2018, la Chambre des Députés a donné une approbation préliminaire à la loi avec 129 voix pour, 125 contre et 1 abstention mais le Sénat a rejeté la loi, 38 voix contre et 31 voix et 2 abstentions.


Toutes les alternatives proposées, la réduction du délai de 14 à 12 semaines ou encore l'objection de conscience pour les cliniques catholiques, ont été rejetés.


  • Gaspar Estrada, directeur exécutif de l’observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes à Sciences Po déclara :

Il est vrai qu'il y a eu une défaite au Sénat mais il faut aussi dire que ce projet de loi est passé à la Chambre des députés. Je pense qu'un débat s'est instauré, non seulement sur les questions morales et religieuses mais aussi de santé publique et cela constitue une première victoire.

Moins de trois semaines avant de quitter le pouvoir, le président argentin, Mauricio Macri, a signé un décret, dans la nuit du jeudi 21 au vendredi 22 novembre, abrogeant un texte adopté deux jours plus tôt qui facilitait notamment l’accès à l’avortement aux enfants de moins de 15 ans.


18 mois après, le nouveau président élu, Alberto Fernandez, a annoncé qu’il enverrait un projet de loi au Congrès dès son arrivée au pouvoir, le 10 décembre.


Nous restons donc mobilisé(e)s !



A.F.A.L.A et Laura Lago


  • Artistas en Francia por el aborto legal en Argentina, est une page Facebook née d’une initiative commune entre Marilu Marini et moi même, artistes argentines résidentes en France.

Son objectif est de donner l’opportunité et l’espace aux artistes de toutes nationalités qui habitent en France et qui souhaitent soutenir la campagne pour la légalisation de l’avortement en Argentine. Karin Viard, Pierre Maillet, Helena Noguerra, Lou Valentini et Clément Sibony entre autres, ont déjà manifesté leur soutien.




Et la France dans tout ça?


Gisèle Halimi, « La cause du féminisme » Travail, genre et société n°14, nov. 2005

Je me suis sentie très humiliée au moment de mon avortement. Quand on m’a tutoyée, curetée à vif et que je hurlais. C’était mon premier avortement. On est face à des hommes qui veulent vous imposer leur loi. "Comme ça, tu ne recommenceras pas"

  • 130 centres fermés en 10 ans

En France, presque quarante ans après la loi Veil, l’accès à l’avortement est toujours menacé.


Discours culpabilisants, fermeture de nombreux centres de planification et d'orthogénie, déserts médicaux… Parfois encore, les médecins refusent d'effectuer des IVG, en faisant jouer leur clause de conscience. Un dispositif légal qui est prévu par la loi Veil de 1975 et l’article L162-8.



Simone Weil disait déjà :

N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question.



Hier, mercredi 19 Février 2020 nous sommes convoquées à l’occasion du deuxième anniversaire du « pañuelazo « qui a lancé le premier débat législatif sur la légalisation de l’avortement en Argentine.

Dans ma ville natale, Buenos Aires ainsi que dans 100 villes du pays, plusieurs milliers de personnes se sont concentrés pour demander que la légalisation soit de nouveau débattue dès le début de la nouvelle session parlementaire, le 1er Mars.

Cette mobilisation devrait se poursuivre vers le 8 mars, journée internationale de la femme.


À Paris, le rassemblement a eu lieu à la Place de la République.


Les photographies de Laura Lago, prises à Paris dans les différentes manifestations témoignent de ce militantisme pour les droits des femmes de décider sur leur propre corps.

Sera Ley


  • Education sexuel pour pouvoir décider

  • Contraceptifs pour ne pas avorter

  • Avortement légal, sécurisé et gratuit pour ne pas mourir





  • Texte et photos soumis aux droits d’auteur Laura Lago©

 


Sources



 

Laura Lago est née à Buenos Aires en Argentine.

Artiste pluridisciplinaire, elle a parcouru le monde avant de s’installer à Paris en 2000 engagée en tant que danseuse par le Moulin Rouge. Se succèderont dix années de carrière au Lido de Paris.

Installée à Paris depuis 20 ans, elle est auteur photographe, comédienne chanteuse et enseigne la danse et le Pilates.


 

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